Juliet ⚝ J'ai bien mieux à faire que mourir. La mort peut attendre.

« Pourquoi est-ce que tu as crié ? » s'étonne-t-elle, essoufflée d'avoir monté les escaliers si vite. Alors qu'elle était en train de dessiner, bien installée au fond du canapé, elle avait entendu son mari crier. Elle s'était alors précipitée vers lui, à l'étage, pour comprendre l'origine de ce cri. « Je... Mon Dieu... Regarde ça... » Lâcha-t-il, tremblant. Juliet baisse les yeux vers le bras de son mari, tendu vers elle. Au début, elle ne comprend pas parce qu'elle ne voit pas. Elle ne voit rien jusqu'à ce que ses yeux remontent sur le poignet gauche de son mari. Un étrange tatouage y est dessiné. « C'est très drôle, vraiment ! » Claque-t-elle, pensant à une blague. Pourtant, au fond d'elle, elle sait. Elle sait que ce n'est pas une plaisanterie à la réaction de son mari. Elle sait qu'il ne plaisante pas parce que ce tatouage n'a rien d'un vulgaire dessin fait à la main et au feutre. Bien vite, elle reprend la parole pour demander à son mari comment ça s'est passé, mais il ne peut rien expliquer. La conversation continu, il explique qu'il était tranquillement en train de lire quand une vive douleur l'avait sorti de son livre. Il avait attrapé son poignet dans sa main avant de voir que le tatouage était en train de se dessiner, seul. Autant le dire, elle n'y comprenait rien, tout comme lui. Comment un tatouage pouvait apparaître tout seul ? Ils s'étaient donc mis en quête de comprendre pourquoi et comment.

Juliet avait d'abord commencé par contacter ses proches. Ils n'étaient pas bien nombreux depuis qu'elle avait perdu ses parents, il y a presque vingt ans maintenant. Depuis ce jour, elle vivait ici, à Woodbury, avec son frère et sa soeur. Tous les trois avaient été recueillis par leurs seuls grands-parents encore en vie. Elle avait donc contacté son frère d'abord, mais rien. Puis elle avait appelé sa soeur, mais elle n'avait rien à signaler non plus. Enfin, elle avait contacté ses grands-parents qui lui avaient affirmés ne pas comprendre, pourtant, cette fois-ci, elle ne les croyait pas. Au son de leur voix, elle avait compris. Elle avait compris qu'ils mentaient, mais elle ne comprenait pas pourquoi ou ce qu'ils lui cachaient. Les jours passaient et elle avait remarqué ce tatouage sur d'autres poignets, la conversation était sur toutes les lèvres, mais personne n'osait en parler clairement. On se parlait à demi-mots, cachés, comme s'il s'agissait d'un grand secret dont personne ne voulait vraiment révéler l'origine. Pourquoi personne ne réagissait ? Pourquoi personne, en dehors de la ville, était alerté ?

Son compagnon semblait ignorer bien des choses, mais semblait aussi cacher quelque chose. C'était du moins ce qu'elle en avait déduit lorsqu'elle l'avait surprise en train de se disputer avec ses parents. Elle n'avait presque rien entendu à part qu'ils discutaient du tatouage et de ce "mensonge" qui mettait leur vie en danger. En danger ? Juliet avait bien essayé d'en discuter avec lui, mais il avait mis fin à la conversation, jugeant le sujet clos. Il vivait ensemble depuis si longtemps. Ils se connaissaient de vue depuis l'arrivée de Juliet en ville, à douze ans. Ils sont devenus amis puis ont fini par ressentir autre chose. Et à peine quelques mois plus tard, lors du dix-huitième anniversaire de Juliet, il lui avait demandé de l'épouser. Sans hésitation, elle avait accepté et depuis ce jour, ils ne s'étaient jamais quitté. Ils avaient connu bien des épreuves, la plus importante était certainement celle de ne jamais réussi à avoir d'enfants malgré leur désir commun. Ce n'était qu'une épreuve supplémentaire, mais en cachant ce qu'il sait, Juliet se sent exclue, à l'impression de ne rien pouvoir faire pour l'aider.