Aide-moi

Attablée à son bureau, Agatha dans son berceau à côté d’elle, Melinda dessinait la prochaine planche pour son nouveau client. Ça n’avait pas été facile d’obtenir ce contrat, le premier jour, elle était déjà arrivée en retard parce qu’elle avait été retardée par une blondinette qui semblait la suivre. Mais, à force de persuasion et grâce à son portfolio, elle avait réussi à gagner le contrat. Il fallait dire que dans la région, il n’y avait pas beaucoup de monde qui étaient dessinateurs. Elle n’en connaissait qu’une autre, Juliet. Mais, elles ne travaillaient pas dans le même secteur puisque sa nouvelle amie travaillait dans le monde des livres d’enfants et Melinda dans la bande dessinée. Néanmoins, elle devait faire ses preuves parce que l’auteur l’avait prévenue, il lui donnait une chance de montrer ce dont elle était réellement capable sur son texte. Malheureusement, la blondinette n’arrivait pas à s’y mettre, elle était préoccupée par ce qui lui arrivait et n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose. Comment continuer à vivre sa vie normalement quand elle savait qu’une menace planait sur la tête de son amoureux et de sa fille. Son regard ne cessait de se poser sur la petite Agatha qui dormait, tranquillement, dans son berceau. Elle était si paisible, si belle, si mignonne que Melinda n’arrivait pas à s’imaginer comment une si petite chose pouvait être à l’origine de tant de malheurs à venir. Ce qui était certain, c’est qu’elle ne laisserait jamais personne s’approcher de sa belle Agatha. Elle avait entendu des rumeurs qui disaient qu’on voulait retrouver l’origine de ce malheur et qu’il faudrait tout faire pour l’anéantir… Rien qu’à cette pensée, Mel frissonna. Elle espérait sincèrement que personne ne découvrirait jamais qu’Agatha était cette origine…

Il était deux heures quand la porte d’entrée s’ouvrit sur Joshua. Il rentrait du travail et vint immédiatement voir les deux femmes de sa vie. Melinda le regarda amoureusement et là encore, son cœur se pinça. Cet homme merveilleux était menacé lui aussi, pas de la même manière, lui il était touché par la malédiction, il était maudit. Une tâche était apparue sur son corps, ce qui annonçait sa damnation. Melinda décida qu’il était temps pour elle d’en parler à quelqu’un et de trouver de l’aide auprès d’une amie sorcière et celle-ci était toute trouvée : Ekaterina. « Josh, ça t’embête si je te laisse avec Agatha pour aller voir Eka ! J’ai besoin de me changer les idées, je n’arrive à rien ! » Elle s’approcha de lui pour le prendre dans ses bras et l’embrasser. « Bien sûr, vas-y ! Je tiens la maison pendant que madame va s’amuser ! » Dit-il sur le ton de la plaisanterie. Sans attendre, elle déposa un baiser sur les lèvres de Josh, puis se dirigea vers Agatha pour en faire de même. Elle prit ses clés, son manteau et se mit en chemin vers la bibliothèque. Arrivée là-bas, elle se gara près de l’entrée et pénétra à l’intérieur. Très vite, elle trouva celle qu’elle cherchait, son amie et marraine de sa petite fille. Il était clair que si elle voulait de l’aide, c’était à Ekaterina qu’elle devait parler. Celle-ci n’aurait jamais dans l’idée de tuer Agatha pour annuler la malédiction, bien au contraire, elle l’aiderait à trouver une autre solution. Dans ce combat contre cette fichue malédiction, elle ne pourrait pas compter que sur elle-même, il lui fallait une alliée. Melinda fit un signe de la main à son amie, un large sourire sur les lèvres et s’approcha d’elle pour lui faire la bise. « Coucou ma belle ! Comment tu vas aujourd’hui ? »

La nuit fût longue pour Ekaterina. Sa petite fille était malade et n'avait fait que ça de pleurer de toute la nuit. Eka savait qu'elle pouvait la soulager, mais elle détestait l'idée d'utiliser la magie sur elle. Elle voulait au maximum l'en éloigner, pour le moment en tout cas, car tous ces pouvoirs, tous ces sortilèges étaient bien trop dangereux pour toutes les deux. En fin de nuit, pour la calmer un peu, Ekaterina s'était mise à la cuisine pour concocter un petit breuvage pour sa fille, afin de soulager ses maux. Ce n'était pas réellement une potion qu'elle avait faite là, mais plutôt un petit remède de grand-mère, avec quelques vertus magiques, tout de même. Cela avait plutôt bien fonctionné et la petite avait retrouvé le calme et le sommeil. Elle en avait bien besoin en ce moment, elle était tellement malade, qu'elle ne dormait que très peu. Les yeux de la jeune sorcière se fixaient sur l'horloge du salon, plus la peine de retourner se coucher en espérant trouver le sommeil, puisque le réveil n'allait pas tarder à sonner. Ekaterina en profité pour faire un peu de ménage avant de sauter dans la douche et de se préparer pour aller travailler.

Juste avant d'arriver à la bibliothèque Ekat avait déposé sa petite merveille chez sa mère. Elle allait, comme bien souvent depuis qu'Ekaterina avait repris le travail, s'en occuper durant la journée. La jeune bibliothécaire passait le plus clair de son temps les yeux rivaient sur son téléphone, elle s'inquiétait pour son bébé et voulait être mise au courant au moindre petit problème. Sinon, elle conseillait quelques personnes, s'occupait des réservations d'autres ou était plongée dans l'un des nombreux romans de la bibliothèque, une journée de travail lambda. Alors qu'Ekaterina venait à peine de terminer le bouquin qu'elle dévorait depuis quelques jours, elle aperçut l'une de ses plus chère amie : Melinda. Elle appréciait sa compagnie et avait pleinement confiance en elle, elle savait qu'elle pouvait lui parler de tout et n'importe quoi, se confier, qu'elle n'irait jamais la trahir… Melinda souriait en faisant signe de la main et Ekat en fit de même. « Je vais super bien, un peu fatiguée, mais sinon ça va. Et toi ? Comment tu te sens ? » Rien n'était facile ces derniers temps pour Melinda, sa petite Agatha était en danger, puisqu'en naissant elle avait déclenché la malédiction, sans oublier que son petit-ami était désormais condamné à mourir à cause de leur amour.

Melinda savait qui aller voir quand elle n’allait pas bien, quand elle avait besoin d’un conseil ou d’aide. Ekaterina était l’une de ses meilleures amies, celle à qui elle pouvait tout confier sans peur d’être jugée ou dénigrée. Quand la blondinette avait compris qu’elle n’arriverait à rien à la maison, sur les illustrations qu’elle devait faire, elle sut qui elle devait aller voir. A l’heure à laquelle elle arrivait à la bibliothèque, son amie aurait du temps pour elle, elle le savait. Melinda fit signe avec un large sourire à son amie qui lui rendit la pareille. La blonde la salua avant de lui demander comment elle allait.

« Je vais super bien, un peu fatiguée, mais sinon ça va. Et toi ? Comment tu te sens ? »

Mel fit la moue, elle n’allait pas très bien, il fallait bien l’avouer. Heureusement, elle pouvait compter sur le soutien de son mari – bien qu’il soit condamné, il était d’un soutien sans faille – mais également de son amie qui avait été là dès que l’illustratrice en avait eu besoin. Quand elle avait appris la vérité et comprit ce qui se tramait pour elle et sa famille, Melinda avait immédiatement été voir Ekaterina pour lui expliquer toute l’histoire. Patiente et de bons conseils, elle lui avait dit qu’elle serait là pour veiller sur elles deux. Ca n’était pas pour rien que la sorcière était la marraine d’Agatha, Melinda savait qu’elle prendrait soin d’elle comme s’il s’agissait de la prunelle de ses yeux.

« C’est pas la forme ! Tout ce qui arrive me fait perdre l’inspiration et je ne pense qu’à ça ! J’essaie bien de changer d’air et de me changer les idées mais c’est difficile quand la vie de mes proches est en danger ! Je viens justement te voir pour me changer les idées parce que j’étouffais chez moi ! Pourtant, je voudrais pouvoir passer tout mon temps avec Josh et notre fille mais je sens que j’ai besoin aussi de changer d’air ! »

Son amie lui avait toujours paru être un vrai roc, une personne sur laquelle il était facile de se reposer. Néanmoins, Melinda refusait d’être un poids pour elle et que tout tourne autour de cette malédiction de malheur.

« Et comment va la petite ? Elle n’est pas trop difficile j’espère ? »

Dit-elle en rigolant alors qu’elle sentait déjà des regards vers les deux femmes et ce, malgré qu’il y ait peu de monde. Elle sentait déjà les « chuuuuut » venir alors qu’elle s’était installée en face de son amie.

Melinda n’avait pas l’air en grande forme. Ce qui était complètement compréhensible avec tout ce qui arrivait en ce moment. Surtout en sachant que ce malheur à été causé par le fruit de son amour avec Josh. Mel s’en voulait et était craintive, rien de plus compréhensible, même si elle n’y était pour rien. Les vrais fautifs, c’étaient nos ancêtres et leur fichu rancœur. Avec cette malédiction, ils ne rendaient pas la communauté magique plus forte, ils l’affaiblissaient pour une partie. Surtout au niveau moral, pour les gens comme Melinda ou Ekaterina qui avait des gens à perdre dans l’histoire. « Je comprends, ce n’est pas facile, encore moins pour toi. Mais tu ne dois pas t’en faire, on va trouver une solution. On va réussir à mettre fin à cette malédiction. Tu sais que je ne vais pas baisser les bras facilement. Je continue à chercher tout ce qui pourrait mettre fin à tout ce chaos. Et tu sais que quand ça ne va pas, tu peux compter sur moi, je serai toujours là pour toi. C’est bien que tu sois venue aujourd’hui. On va essayer de penser un peu à autre chose. » Ekat avait toujours était là pour son amie. Elle ne comptait pas l’abandonner aussi facilement. Après tout, elle était la marraine de la petite Agatha et elle ne comptait pas la laisser en danger sans réagir. Chaque jour Eka tentait d’avancer un peu plus dans ses recherches concernant la malédiction, mais rien. Elle avait tenté d’interroger sa famille, sans succès. Sa mère ne cessait de lui dire que ce n’était pas sa destinée, qu’elle devait savoir se ranger du bon côté et arrêter de sauver « ces damnés sans importance ». Voilà ses mots. Comment pouvait-elle réagir comme ça ? Ekaterina ne comprenait pas. Elle n’était pas comme elle, elle voulait éviter que le chaos ne se propage. Une idée lui traversait l’esprit, fouiller dans les archives familiales et les livres de magie qui était encore chez sa mère. Cependant, cette zone lui était désormais interdite à cause de ses pensées « négatives ».


Pour changer un peu de sujet, mais aussi parce que Melinda aimait bien l’enfant de son amie, elle lui demandait de ses nouvelles. « Difficile ? Non, tu rigoles ? C’est un véritable diable en ce moment. Elle n’arrête pas. Je suis épuisée. Entre elle, le travail, la famille et la magie. Ce n’est pas de tout repos. Ma fille aime me mener la vie dure, que veux-tu, je n’y peux rien. » La petite fille de la jeune sorcière allait parfaitement bien. Même si ces derniers temps, elle pleurait beaucoup. Il s’agissait parfois de simple comédies pour attirer l’attention de sa mère, pour pouvoir être câlinée… Mais parfois, elle semblait tourmentée. L’ambiance de la ville et le stress de sa mère se faisait très certainement ressentir et la petite tentait à sa manière de se faire entendre.

Ekaterina avait remarqué que les personnes se trouvant dans la bibliothèque commençaient à lancer des regards aux deux amies. Melinda avait l’air d’avoir remarqué également. Pour en être certaine, rien de mieux que de faire la remarque. « J’ai l’impression que nous sommes en train de déranger. Bon après, ce n’est pas grave, s’ils ne sont pas content, ils n’ont qu’à partir, je ne les retiens pas. De toute façon, je n’avais pas très envie de travailler aujourd’hui. » Même si Ekat adorait son travail, elle avait plus envie de discuter un peu avec Melinda. Elles en avaient bien besoin. Après tout, elle travaillait ici, elle avait bien le droit de faire ce qu’elle voulait.

La question était trop tentante. Ekaterina avait promis de parler d’autre chose, mais le sujet revenait toujours sur le tapis. C’était désormais leur quotidien. Et puis Ekaterina connaissait bien Josh également, elle avait besoin de savoir comment il se sentait, comment il tenait le coup et comment il réagissait face à tout cela. « Dis-moi, comment va Josh ? Je veux dire, par rapport à ce qui se passe en ce moment, par rapport à ce qui lui arrive depuis l’arrivée du tatouage. »

Melinda hocha la tête quand son amie confirma qu’elles allaient penser à autre chose aujourd’hui. C’était exactement pour cela que la blonde était venue à la bibliothèque, elle savait qu’Ekaterina pourrait lui remonter le moral et qu’avec elle, elle n’avait pas besoin d’être quelqu’un d’autre, de ne rien savoir sur la malédiction. Non, Ekat était l’une des seules personnes au courant de tout ce qui lui arrivait parce que l’illustratrice avait complètement confiance en elle. Elle savait qu’elle ne s’en prendrait jamais à sa fille et qu’elle l’aiderait à trouver une solution. Elle ne pouvait plus vraiment compter sur Josh, il était devenu soupe au lait et pouvait changer d’humeur aussi vite qu’une femme enceinte… Elle lui fit un sourire reconnaissant, qui était plus que sincère tant elle en avait besoin. Mel ne pensait plus qu’à ça, cette satanée malédiction qui touchait la ville et sa famille dont l’origine était sa propre fille… Bref, avec toutes ces histoires, le fait que Josh soit très mal et que sa fille devait être protégée, elle n’avait même pas pu offrir un Noël digne de ce nom à Agatha. Elle avait autre chose en tête que de décorer un sapin ou faire la fête. Alors, elle décida de changer de sujet et de parler de la petite d’Ekaterina, lui demandant de ses nouvelles, si les choses se passaient bien. Melinda se mit à rire en entendant la réponse de son amie, cela lui rappelait de bons souvenirs. Même si la naissance de sa fille fut étrange, elle se souvenait des bons moments tout de même. Et la blondinette répondit avec humour :

« Ca ne m’étonne pas ! Avec une mère hyper-active comme toi, elle ne peut qu’être super-active aussi ! »

Melinda savait très bien qu’allier ce combat contre sa destinée et le rôle de mère n’était pas facile. Mais, à côté de tout cela, Ekat’ prenait encore le temps pour Mel, pour l’aider à trouver une solution à la jeune femme. C’était une amie en or et Melinda lui en était reconnaissante chaque fois qu’elle le pouvait.

« Mais sans rire, je comprends ce que tu vis et dis-toi que ce n’est que le meilleur ! Même avec ce qui arrive, je suis si heureuse d’avoir ma petite puce avec moi ! Je n’échangerai ce bonheur contre rien au monde ! Il faut juste réussir à tenir le coup et ça, je l’admets, ça n’est pas gagné ! Mais, si tu en as besoin, je peux jouer les baby-sitters l’un ou l’autre soir, si tu veux un peu souffler ! »

Melinda lui proposait cela de bon cœur, un enfant à garder ou deux, cela ne faisait pas grande différence et il fallait bien savoir s’aider. D’autant que la jolie brune l’aidait comme un diable pour régler son problème de malédiction. Par la suite, son amie et elle sentirent que les regards se faisaient de plus en plus présents, les gens autour d’elles ne devaient pas apprécier qu’elles discutent aussi fort… La remarque de son amie la fit rigoler à nouveau, c’était rare d’avoir une bibliothécaire qui se fichait bien d’être silencieuse.

« Ouais, j’en ai bien l’impression aussi ! Manquerait plus que tu les retiennes, les obligeant à suivre notre conversation alors qu’ils veulent simplement travailler ! Non mais franchement, est-ce un endroit pour étudier, lire ou travailler ici ? Regarde, cette dame qui regarde un livre sur les crocodiles, ça n’est pas du travail ça, ça doit être de l’obsession ! »

Dit-elle sur un ton sarcastique, elle appréciait de plus en plus ces moments où elle pouvait lâcher un peu prise et rigoler un peu. C’était devenu tellement rare ces temps-ci qu’elle savourait chaque moment où elle pouvait rire un peu. Puis, la conversation, inévitablement, fut réorientée sur la malédiction. Il fallait bien avouer qu’il était difficile de faire abstraction d’une telle chose, tant la vie de tous les habitants était impactée par cette histoire fatale… Melinda ne put s’empêcher de baisser la voix, elle n’avait pas envie que les gens entendent ce qu’elle allait dire… De plus en plus, Mel se méfiait des habitants de cette ville qui semblaient montrer le pire d’eux-mêmes sous la menace.

« C’est de pire en pire, il devient soupe au lait et violent, j’ai parfois peur pour Agatha quand il est dans cet état ! Je me dis souvent que je mettrai bien un aquarium dans la maison pour qu’il se calme en regardant les poissons mais j’ai bien peur que ça ne soit pas suffisant ! C’est une colère incompréhensible, liée à la malédiction ! Et puis, il perd le sommeil, ce qui n’arrange rien à son état colérique ! Il fait sans arrêt des cauchemars… ! Mais dans ses moments de lucidité, il est plutôt lucide de ce qui lui arrive et ça le déprime, je ne vais pas le cacher ! Il a parfois peur de prendre notre fille à bras, il dit qu’il a peur de ce qu’il pourrait lui faire s’il perdait la tête tout d’un coup ! Bref, c’est difficile pour lui vraiment ! J’aimerais tellement trouver quoi faire pour lui ! »

Et là, alors qu’elle tenait le coup depuis des mois, les larmes se mirent à couler le long de ses joues, comme si le poids de tout ce qu’elle vivait venait seulement de sortir… Elle se voulait être forte pour sa fille, pour son mari et donc, pour sa famille mais elle n’arrivait plus à retenir ses larmes… Au bout de quelques secondes, elle essaya de se calmer et dit :

« Excuse-moi, je ne voulais pas craquer mais je n’en peux plus je crois que je craque en ce moment ! »

Elle n’aimait pas montrer que ça n’allait pas pour elle, qu’elle n’arrivait pas à garder le cap mais quand les sentiments ressortent, on ne pouvait rien y faire et elle était heureuse de s’effondrer face à quelqu’un à qui elle faisait autant confiance…

Joy avait beaucoup d’énergie, peut-être même trop. Elle bougeait tout le temps, réclamait beaucoup d’attention et aimait bien faire le pitre. D’après Melinda, elle était simplement comme sa mère, c’est-à-dire hyper-active. Elle n’avait sans doute pas tort. « C’est vrai que je suis très active, mais ma fille n’a pas besoin de me ressembler sur ce point, pas pour l’instant en tout cas. » Il était vrai que c’était très épuisant, surtout qu’Ekaterina travaillait et utilisait de plus en plus la magie, noire ou blanche, pour tenter de trouver une solution à la malédiction et cela lui prenait beaucoup d’énergie. Elle puisait jusqu’à la dernière énergie en elle, pour pouvoir faire de son mieux avec sa fille, avec son travail et avec la malédiction et donc avec la magie. Melinda se proposait très gentiment pour garder Joy chez elle si Eka en avait besoin, ce qui était très gentil de sa part, mais Eka avait beaucoup de mal à se séparer de sa petite merveille. « Ne t’en fais pas, je sais que j’ai une chance incroyable d’avoir ce petit ange. Je ne regrette rien du tout, je suis très fière d’elle et je sais qu’elle m’apporte énormément de bonheur et de joie. Je sais que tu es là pour me la garder si j’en ai besoin et je te remercie pour ça. Mais j’ai énormément de mal à la laisser à quelqu’un, je n’aime pas la savoir loin de moi. Quand je travaille, je trouve ça déjà extrêmement dur ne pas l’avoir à mes côtés. » Elle savait qu’aux côtés de Melinda sa fille était en sécurité, car Melinda était une merveilleuse personne. Mais ce qu’elle disait été vrai, Eka ressentait le besoin d’être aux côtés de sa fille. En tout cas, Melinda pouvait compter sur Eka pour la même chose, si elle avait besoin de se retrouver un peu, de se reposer, de passer du temps avec Josh ou autre, elle pouvait garder Agatha sans le moindre problème.


Les deux jeunes femmes parlaient un peu fort et les personnes se trouvant dans la bibliothèque commençaient à s’impatienter. Ils regardaient Mel et Eka d’un regard meurtrier, ils voulaient les faire taire, mais ils avaient le temps d’attendre. La phrase de Melinda fit beaucoup sourire la jeune sorcière. C’était plaisant de la voir s’amuser et il était plaisant pour Eka de pouvoir rire un peu, pour décompresser, ne pas penser à tout ce qui se passait en ce moment à Woodbury. « Ils font tous semblant de travailler aujourd’hui. Habituellement, je suis très respectueuse, mais là, ils me tapent sur le système. Ils sont juste super embêtant depuis tout à l’heure, c’est à mon tour. J’ai bien le droit non ? Et puis cette dame a dû me demander tous les livres animaliers que j’avais en rayons depuis l’ouverture. Je n’en peux plus. » Il était vrai qu’elle n’avait pas été très tranquille aujourd’hui, tout le monde lui parlait, lui demandait conseil, lui demandait d’aller chercher telle ou telle chose, avant de changer d’avis et de demander autre chose… Ekaterina était fatiguée et avait bien envie de ne pas s’embêter à être calme pour eux.

Sous ses yeux, Mélinda s’était mise à pleurer. Eka n’avait pas l’habitude de voir son amie craquer, elle n’aimait pas montrer ses faiblesses, mais là, c’était trop pour elle et elle avait vraiment du mal à se retenir. « Viens là. » En prononçant ces mots, Ekaterina prit son amie dans ses bras. Elle n’allait pas la laisser pleurer sans réagir. De plus, elle détestait voir la tristesse des autres. « Ne t’en fais pas, c’est normal de craquer parfois. Surtout dans ta situation. Tu sais que je suis là, même quand ça ne va pas. Tu peux m’appeler à n’importe qu’elle heure de la journée ou de la nuit, pour parler, me voir si tu as besoin d’accord ? » Melinda s’excusait de craquer comme ça, mais c’était inutile. Elle n’avait pas à s’excuser, c’était tellement normal avec tout ce qui lui arrivait en ce moment. Joshua qui était damné, elle qui était sorcière, sa fille qui avait déclenché une malédiction par sa naissance. Elle voyait toute la souffrance autour d’elle et s’en voulait. Pourtant, elle n’y était pour rien. Voir son petit-ami souffrir, ne devait pas être simple non plus. « Allez sèches moi ces larmes. » Ekaterina regardait son amie un large sourire aux lèvres, comme pour la consoler, même si ce n’était certainement pas suffisant. « C’est horrible. Comment est-ce que des gens censés peuvent avoir eu l’idée, l’envie de lancer ce genre d’atrocité ? J’ai tellement honte de la communauté magique quand je pense à ça. Ils font du mal aux gens et s’en fichent. Et ils n’avaient peut-être pas réfléchi à cela, mais il faut autant de mal aux sorciers qui depuis le temps se sont liés avec les damnés. On tient à beaucoup d’entre eux. Ils font parti de nos amis, de notre famille. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment aujourd’hui il y a des gens qui veulent encore se venger au nom de leurs ancêtres. Mais ne t’en fais pas, on est encore nombreux à vouloir mettre fin à cette malédiction, on y arrivera un jour, on ne baissera pas les bras. Jamais. Tu peux me croire. » Ces paroles devaient montrer à Melinda qu’elle n’y était pour rien, que ce qui arrivait n’était ni de sa faute, ni celle de Joshua, ni même celle de la petite Agatha. Ekaterina voulait mettre fin à cette malédiction, à n’importe quel prix, en grande partie pour eux et pour Joy. Elle ne baisserait pas les bras sans arriver à ses fins, c’était plus que certain.