Sous suveillance

Melinda ouvrit péniblement les yeux, le soleil pénétrait à travers les rideaux de la petite maison qu’elle partageait avec Josh. Elle regarda l’heure sur l’horloge, il était déjà huit heures du matin mais sa nuit avait été courte. Agatha n’avait pas arrêté de pleurer et Josh et elle avaient dû se relayer pour aller la border. Les jeunes parents s’acclimataient seulement à cette nouvelle vie, à ce bouleversement qu’était la naissance d’un premier enfant. Malheureusement, cette naissance avait annoncé l’avènement de la malédiction et la damnation de son amoureux. Comment en étaient-ils arrivés là ? Et pourquoi devaient-ils payer pour les erreurs du passé ? Elle en voulait terriblement à ses ancêtres et aux anciens sorciers que d’avoir eu l’esprit vengeur. Après, elle pouvait comprendre ce qu’ils les avaient poussé à agir de la sorte mais elle ne trouvait pas cela juste que les descendants des massacres seraient ceux qui paieraient. Avec ça, elle n’était pas d’accord. Melinda se tourna et regarda Josh, il dormait à poings fermés et elle sourit. Mais ce sourire disparut très rapidement, comment les choses allaient-elles tourner ? Que lui arrivera-t-il ? Serait-elle capable de le sauver, lui et sa fille ? La blondinette devenait folle à l’idée que tout le bonheur qu’elle avait ressenti jusqu’alors ne disparaisse définitivement. S’il leur arrivait quelque chose, elle en serait complètement détruite…

Après quelques minutes, elle décida de laisser Joshua dormir et se leva pour aller voir sa fille. Elle ouvrit la porte doucement, elle ne voulait surtout pas la réveiller. Puis, elle s’approcha du berceau et regarda cette beauté, cet être qui emplissait son cœur d’amour et de bonheur. Malgré tout ce que cette naissance avait impliqué, elle était heureuse de la voir, de la sentir, de la toucher. Tout simplement qu’elle soit née la rendait heureuse et la remplissait de bonheur. En la regardant, elle en était convaincue : elle trouverait la façon de la sauver, elle et son père… Après avoir déposé doucement un baiser sur le front de sa fille, elle alla directement dans la salle de bain pour se préparer. Une heure plus tard, elle en sortit et se dirigea vers la cuisine afin de préparer le petit-déjeuner pour eux deux. Mais, elle n’en eut pas l’occasion, Joshua était déjà occupé à faire des pancakes. « J’espère que tu as faim ! » Lui demanda-t-il alors qu’il en déposait un dans une assiette sur la table qu’il avait déjà dressée. Elle prit place et commença à manger tout en l’admirant et en souriant. Quelle chance elle avait eue de le rencontrer et elle se remémora la promesse qu’elle lui avait faite de le protéger de ce qui allait arriver. « Merci mon amour, tu es un ange ! En plus, je ne dois pas être en retard aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec un auteur de bandes dessinées pour voir s’il serait intéressé par mon travail ! » Il sourit à son tour et vint se placer à ses côtés pour petit-déjeuner avec elle. « C’est pour ça que tu es encore plus belle que d’habitude ! Il ne pourra pas refuser, surtout quand il verre ton travail ! » Il lui fit un clin d’œil et elle sourit « Mon amour, tu sais toujours quoi dire pour me mettre en confiance ! » . Elle déposa un tendre baiser à Josh juste au moment où Agatha commença à pleurer. Melinda jeta sa tête vers l’arrière et était sur le point d’y aller quand il l’arrêta et dit « J’y vais mon cœur, tu vas être en retard sinon ! » Elle n’eut pas le temps de lui répondre qu’il était déjà en train de monter.

Elle termina son petit-déjeuner avant de se lever pour se préparer à partir. Elle chercha son portfolio, elle mit ses chaussures et son manteau avant d’attraper ses clés. Joshua descendit à ce moment, la petite dans les bras. Mel inclina la tête sur le côté en voyant cette belle scène. Elle fit un bisou à son mari, lui souhaita une bonne journée et termina par faire un bisou à Agatha. Celle-ci se mit à rire et les parents en furent enjoués. Quand elle sortit, elle remarqua une voiture plus loin, une voiture qu’elle ne voyait pas pour la première fois… Elle fronça les sourcils, cela lui rappelait la dure réalité… Elle regarda sa montre et vit qu’elle avait encore un peu de temps alors, elle se décida à aller voir de plus près. Dans la voiture, une blondinette était au volant. Melinda toqua à la fenêtre et attendit qu’elle l’ouvre pour demander « Est-ce que je peux savoir pourquoi vous me suivez ? » Evidemment, Melinda se trompait peut-être, c’était peut-être qu’une coïncidence mais elle devenait parano dans le contexte actuel.

Melinda n’avait pas voulu attendre plus longtemps pour savoir si la voiture qu’elle ne cessait de voir dans le rétroviseur était en train de la suivre ou pas. Au début, elle n’y avait pas prêté plus attention que cela mais voir la même voiture dans sa rue, là, elle se posait clairement des questions. Elle décida donc, avant de se rendre à son boulot, d’aller jeter un œil et, comme la personne était dans la voiture, elle frappa pour demander pourquoi elle la suivait. La blonde qui se trouvait au volant sortit de sa voiture et fut directe :

« Ah madame Williams, c’est vous que je voulais voir. »

Donc, elle n’avait pas rêvé, la jeune blondinette la suivait et ce, depuis quelques jours. Mais pourquoi ? Il ne fallait pas être devin pour s’imaginer la réponse, la malédiction devait être derrière tout cela. Melinda, par réflexe, recula, comme pour se protéger et protéger sa famille. Elle ne voyait pas d’autres raisons à cette entrevue avec une femme qu’elle ne connaissait pas du tout, qu’elle ne pensait avoir jamais vue.

« Bonjour Madame… »

Elle aussi aurait voulu savoir qui elle avait en face d’elle  et surtout, avant de savoir si elle pouvait lui faire confiance. Pour cela, rien de mieux que d’avoir son nom…

« Je suis détective, je remarque qu’il se passe des choses étranges et j’aimerai juste savoir si vous aviez une idée de ce qui se passait. »

Elle était vraiment directe et franche, elle avait besoin de réponses et elle venait voir. Mais, était-ce un piège ? Voulait-elle trouver la vérité ou bien savait-elle déjà tout et voulait juste avoir confirmation ? Il faudrait se la jouer fine pour éviter de mettre en danger sa famille…

« Qui vous envoie ? Et pourquoi vous venez me voir moi ? Je n’ai rien de spécial vous savez ! C’est vrai qu’il y a des phénomènes étranges dans la ville mais je ne suis pas impactée… ! »

Difficile d’essayer de convaincre cette femme, si elle avait eu son nom c’était certainement qu’il avait fuité quelque part… Alors, essayez de la convaincre qu’elle n’avait aucune information serait – à son avis – inutile. Néanmoins, elle espérait secrètement que la blonde laisserait tomber et partirait…

Melinda était sur les nerfs, il fallait bien le reconnaître mais elle vivait tellement de choses difficiles en ce moment que ça n’était pas étonnant. De plus, elle savait combien les gens de cette ville cherchaient des coupables et des solutions à ce qui arrivait. Alors, elle ne savait pas trop à qui elle pouvait faire confiance, à qui elle devait parler parce que c’était la vie de sa famille qui était en jeu. Forcément, ça ne poussait pas la jeune femme à être ouverte aux nouvelles têtes… La nouvelle venue lui tendit sa carte, essayant de la rassurer sur qui elle était et qu’elle n’était pas là juste pour elle mais pour tous les habitants de la ville… Bizarrement, cela soulagea un peu la jeune femme mais, pour autant, elle n’allait certainement pas lui faire une confiance aveugle.  Melinda attrapa la carte et la fixa, lisant le nom de la jeune femme en même temps que celle-ci le lui disait.

Comment pouvait-elle lui être utile ? Pour cela, il faudrait que la blonde ose lui parler et ça n’était pas prêt d’arriver. Par contre, peut-être pourrait-elle arriver à lui demander de l’aide sans entrer dans les détails ? Mel devrait y réfléchir même si elle doutait que cela soit possible. L’inconnue – qui ne l’était plus tant – la rassura encore un peu, elle avait dû déjà avoir à faire à une femme aussi fermée qu’elle et avoir l’habitude de devoir rassurer les gens. Melinda se radoucit un peu, elle ne se sentait plus aussi menacée qu’au début, elle avait eu la bonne idée que de confronter la jeune femme.

« Moi c’est Melinda Williams ! »

Commença-t-elle par dire laissant un blanc de quelques secondes, puis elle reprit :

« Nous n’allons pas rester dans cette ruelle, est-ce que je peux vous inviter à boire un café pour discuter un peu ? »

Melinda aurait pu l’inviter chez elle mais elle ne voulait pas montrer l’état de son mari et la laisser voir qu’elle avait une fille. Surtout, elle n’avait pas encore confiance en la jeune femme, elle pourrait trouver des choses chez elle qui la mettrait sur une piste ou l’autre. La meilleure solution était de quitter cette ruelle et la maison pour trouver un endroit neutre où parler.

« Qu’en pensez-vous ? »

Conclut-elle avec un petit sourire, signe qu'elle se détendait un peu.

Spoiler: