Une après-midi presque normale

C’était étrange que par des temps pareils, Melinda se promène dans les ruelles du centre-ville pour une après-midi shopping avec une nouvelle amie, Rosalyna. Pourtant, c’était essentiel, pour Melinda en tout cas, ça l’était, de pouvoir se changer les idées. La vie était difficile depuis que la blondinette avait mis au monde sa petite fille, et c’était le moins que l’on puisse dire. Ce n’était pas un blues d’après accouchement, non, elle aurait préféré même. Non, on parlait de menaces de morts sur son enfant, on parlait d’une malédiction qui était arrivée en même temps que sa fille, Agatha. Cela faisait mal à la blondinette de savoir que l’événement le plus beau de sa vie, la naissance de sa petite puce était l’origine de l’assombrissement de la ville de Woodbury, de l’existence de gens maudits, dont le père de la petite. Comment choisir entre l’amour de sa vie et le fruit de cet amour ? Impossible pour Melinda et s’il fallait qu’elle se batte jusqu’à la mort pour les sauver tous les deux, elle le ferait. Elle ne laisserait rien arriver à ses deux amours, ce qui n’allait pas être de tout repos vu tous les gens qui voulaient stopper la malédiction et ce, jusqu’à l’irréparable évidemment. Alors, Melinda pouvait bien s’octroyer une petite heure de libre pour faire du shopping et apprendre à connaître Rosalyna, une jeune femme formidable qu’elle avait rencontrée quelques semaines plus tôt. Elles s’entendaient très bien et ce fut naturellement qu’elles étaient devenues des amies. Cette après-midi s’annonçait agréable et ce, malgré le temps maussade qui régnait dans les rues de la ville.

« Est-ce que tu veux aller dans une boutique particulière ? »

Demanda Melinda à son amie tout en parcourant les ruelles de la ville.

« Moi, j’aimerais bien aller dans la boutique pour bébé qui se trouve au bout de la rue ! Après, je suis tout à fait libre pour faire toutes les boutiques que tu voudras faire ! »

Dit-elle en rigolant. Comment arrivait-elle encore à rigoler avec tout ce qui arrivait ? C’était la force de la jeune femme, savoir faire abstraction et mettre en veilleuse ses sentiments. Après tout, pour les gens, elle venait d’être mère, elle ne pouvait montrer qu’elle était mal et qu’elle avait des soucis. Il fallait qu’elle donne le change.

Cette après-midi Rosalyna devait oublier ses soucis. Elle devait penser à autre chose et commencer à refaire sa vie ici. Elle commençait à se dire que personne n'allait venir la chercher ici. Sa famille l'avait certainement oublié. C'était même presque certain. Sinon, ils seraient très certainement déjà venus. En attendant de trouver comment mettre la main sur le bébé qui avait lancé la malédiction, elle devait apprendre à vivre, même si cette nuit avait encore été très difficile. La jeune femme s'était réveillée en sueur, pliée de douleur. Elle retenait les cris, mais la douleur était belle et bien présente. Pendant cette crise de panique Rosalyna était prise par une hallucination imaginant que le mal était dans sa chambre et qu'il essayait à tout prix de s'en prendre à elle. Tout a fini par se calmer en fin de nuit, mais après ça, la jeune femme n'avait pas pu se rendormir. Mais cette après-midi elle allait passer un après-midi tout ce qui a de plus normal avec une jeune femme qu'elle avait rencontré à Woodbury et avec qui elle se sentait bien, comme en compagnie d'une véritable amie. Elle avait pourtant du mal à accorder sa confiance avec tout ce qui lui arrivait ces derniers temps, mais pourtant elle avait envie de faire confiance en Melinda, elle qui paraissait si sincère.

« Peu importe, je te suis. Tu sais, je ne connais pas bien ici. Je n'avais pas encore fait les boutiques depuis que je suis ici. On va dire que je ne sors pas beaucoup, à part quand je travaille. Mais j'ai bien besoin de m'acheter quelques vêtements, la plupart des miens sont tout abîmés avec le travail à la ferme. » Et surtout parce qu'en partant de chez elle, elle n'avait pas pu embarquer toute sa garde robe et puis elle n'avait pas réellement eu le temps de tout préparer proprement, elle était partie dans la précipitation. Elle qui aimait bien changer régulièrement de vêtement et prendre soin d'elle. Elle n'avait quasiment plus aucun produit de beauté, plus de maquillage, ni même de vêtement. Elle avait besoin de prendre soin d'elle, malgré les événements. C'était tout ce qui l'a raccroché à son ancienne vie. Si elle commençait à se négliger, elle se sentirait complètement perdue, même si c'était loin d'être une de ces filles trop superficielles. « Oh et est-ce qu'il y a une boulangerie ou une pâtisserie dans le coin ? » Elle qui ne sortait presque plus, n'avait plus l'habitude de ces petits plaisirs qu'elle s'offrait autrefois avec son mari, sa famille ou ses amis. Et aujourd'hui, plus que jamais, elle avait besoin de se sentir comme avant, de se sentir « normale ».

Melinda oubliait parfois que Rosalyna était nouvelle en ville. Elle ne la connaissait pas depuis longtemps mais elle l’appréciait déjà beaucoup et avait l’impression de la connaître depuis longtemps. Ça n’était pas tant qu’elle savait tout de sa vie d’avant Woodbury mais plutôt une impression que c’était une jeune femme sur qui elle pourrait compter à l’avenir. Elle était loin de se douter que sa nouvelle amie cherchait à retrouver la trace du bébé à l’origine de la malédiction. Hors, il se faisait que l’enfant en question était Agatha, la fille de Melinda.

« Si tu as besoin de fringues, je te propose d’aller à la boutique Maestro ! C’est une designeuse très connue de Woodbury et elle est très douée ! Et ses prix sont intéressants tu verras ! En plus, vu la période, il y a des actions intéressantes ! »

Lui répondit Mel en lui faisant un clin d’œil, heureuse d’avoir l’honneur d’être la première à l’amener shopper. C’était dingue de s’extasier à ce point vu l’ambiance qui régnait en ville. La ville était en train de survivre, en hibernation et les choses allaient aller en s’empirant, Melinda en avait la sincère conviction, elle sentait que les choses iraient encore plus mal par la suite… Alors, elle espérait pouvoir se créer encore de bons souvenirs avant que la malédiction ne s’empire. Melinda profitait de son amie, profitait de cette journée morose et des souvenirs qu’elle se créerait avec elle. Celle-ci lui demanda d’ailleurs s’il y avait une boulangerie ou une pâtisserie dans le coin. La blondinette rigola de bon cœur, c’était une demande étrange mais pas tant que cela.

« Oui, il y en a une ! Juste au coin là-bas ! Tu veux y aller ? Je te paie un café, ça nous réchauffera ! »

Elle lui désigna du doigt la pâtisserie du coin et était prête à s’y rendre, attendant de voir si son amie était partante.

« Tu ne me cacherais pas une petite nouvelle quand même ? »

Evidemment, Melinda rigolait, elles ne se connaissaient pas encore assez que pour qu’elles se disent absolument tout mais elle trouvait cela drôle de lui lancer cette boutade. Son envie de trouver une boulangerie l’avait intriguée.

Rosalyna n’habitait pas ici depuis très longtemps. Elle ne connaissait pas bien la ville, ne savait pas où se trouvait les choses. Elle n’avait pas envie de s’aventurer seule dans les rues, en sachant que son tatouage pouvait la mettre en danger. Pour la première fois, elle s’était sentie d’attaque pour une véritable après-midi hors de la ferme. Avec Melinda, elle se sentait étrangement en confiance. « Je te fais confiance. Par contre, il faudra m'empêcher de dépenser des tonnes d’argent pour m’acheter des vêtements. » Rosalyna laissait échapper un petit rire. Elle aimait bien être bien apprêtée avant d’arriver à Woodbury. Désormais, elle n’avait plus vraiment les moyens pour dépenser beaucoup d’argent dans les vêtements. Ce n’était pas pour autant qu’elle devait se laisser aller, en ne ressemblant plus à rien.

Rosalyna avait envie de manger un petit quelque chose, alors pourquoi ne pas demander à Mel s’il y avait une boulangerie à proximité. Apparemment, il y en avait une à quelques pas des deux jeunes femmes et Melinda s’était gentiment proposée pour lui payer un petit café, histoire de se réchauffer un peu. La boutique de vêtement allait devoir attendre un peu. « Oui, je veux bien. Un café ne peut pas faire de mal avec ce froid. Et ça me donnera l’occasion de manger un petit quelque chose. » Il était vrai que la ville était plongée dans le froid, recouvert d’un air glacial. Un café bien chaud, entre deux amies, puisqu’on pouvait presque les qualifier de deux amies, ne pouvait faire aucun mal. En plus de cela, si le café pouvait être accompagné d’une pâtisserie, ça ne pouvait qu’être parfait. « Quoi ? Non. Bien sûr que non. J’ai simplement une petite faim. C’est tout. » La question de Melinda l’avait surprise. Rosalyna ne s’attendait pas à ce que cette question lui soit poser un jour. Machinalement, la jeune femme avait posé une main sur son ventre, pensant à ce qu’elle ne pouvait plus avoir désormais. Avant le déclenchement de la malédiction, Rosalyna n’avait qu’une envie : fonder une famille avec son mari qu’elle aimait tant. Mais aujourd’hui, à cause de ce tatouage, de ses effets, elle a fait une croix sur son désir d’être mère. Elle refusait catégoriquement d’infliger ces souffrances à son enfant. En revanche, si elle apprenait qu’il y avait un moyen de mettre fin à la malédiction, elle n’hésiterait pas une seule seconde. Elle briserait la malédiction, même si elle devait commettre les pires atrocités. Rosa aimerait bien faire un trait sur tout cela, accepter ce qui était en train de lui arriver, mais là, c’était complètement impossible. Elle n’y arrivait pas. Rosalyna avait changé de visage, perdue dans ses pensées, mais elle avait très rapidement repris ses esprits pour éviter de montrer son malaise à Melinda.

Melinda proposa à sa nouvelle amie une boutique très connue de la ville. C’était une styliste très célèbre qui avait pignon sur rue et qui avait un talent fou. Elle était certaine que Rosa trouverait de quoi s’habiller là-bas, qu’elle trouverait chaussure à ses pieds avec cette boutique. Mel rigola à la remarque de la jeune femme, elle connaissait bien ce problème parce que même si la blondinette n’avait jamais été une fashionista, elle avait aussi eu ses périodes dépensières, des périodes où elle sentait le besoin de dépenser plus que de raison.

« Promis, si tu vas trop loin, je t’arrêterai ! Mais, les prix sont vraiment démocratiques là-bas, tu verras ! »

Puis, la jeune femme lui demanda si elle ne connaissait pas une pâtisserie dans le coin parce qu’elle avait une petite fin. Le froid étant mordant, la blondinette proposa à sa nouvelle amie si elle voulait prendre un café en même temps. Le shopping pourrait bien attendre une demi-heure, le temps qu’elles se réchauffent. Il faisait un froid de canard, le brouillard donnait une impression de froid encore plus mordant qu’à l’habitude. La brunette accepta la proposition, acquiesçant sur le fait qu’elle pourrait manger un petit quelque chose en même temps. Ce à quoi Melinda plaisanta sur le fait qu’elle lui cache un petit secret, une blague toute bête mais qui eut un effet étrange sur la jeune femme. Elle porta sa main à son ventre et pendant quelques secondes, son visage changea avant de revenir comme avant. Elle fut surprise par la question et elle lui assura que non. Melinda fit la grimace, elle ne voulait pas mettre mal à l’aise la jeune femme. Mais, elle avait tendance à oublier que l’histoire des gens pouvait parfois être heurtée par des blagues sans importance. Melinda ne savait pas ce qui était arrivé à la jeune femme mais il lui était arrivé quelque chose autour d’un enfant ou d’une grossesse, Mel en aurait mis sa main à couper… Et puis, ses dons lui permettaient parfois d’être plus sensibles aux sentiments des autres.

« Excuse-moi si je t’ai froissée, je ne voulais que plaisanter mais je sens que j’ai gaffé ! »

Elle n’en demanda pas plus, elle n’insisterait pas parce que la brunette devait garder son libre arbitre de lui expliquer ou pas les raisons. L’idée ça n’était que de s’excuser si elle avait gaffé…

« Allons étancher ta faim et ma soif ! »

Conclut-elle tandis qu’elle passait les portes de la boulangerie qui faisait aussi café. Elles prirent place derrière une banquette et Melinda prit la carte et la tendit à la jeune femme :

« Fais ton choix, le café est très bon ! Et les tartes sont délicieuses, pour se mettre quelque chose sous la dent, c’est l’idéal ! Je pense que tu n’en auras jamais goûtées de si bonnes ! »

Dit-elle alors que le serveur s’approchait déjà.

Melinda venait de proposer à Rosalyna une boutique de vêtements qui semblait vraiment sympathique et très bien pour pouvoir s’habiller joliment, simplement et pour pas très cher. Rosalyna avait bien évidemment envie d’y aller, mais aussi besoin d’y aller, car elle n’avait plus grand-chose à se mettre. Mais, elle avait vraiment peur de beaucoup dépenser, comme autrefois. Melinda allait devoir la résonner assez souvent. « Oui, mais me connaissant, je sais que je pourrais acheter le magasin. Le problème, c’est que désormais, je n’ai plus autant d’argent. Donc, je te remercie de m’arrêter si je vais trop loin, c’est gentil. » Le, désormais, était peut-être un peu trop. Personne ne savait ici, qu’elle était autrefois une fille de bonne famille, bien trop aisée. Elle avait l’habitude d’être très dépensière autrefois, elle ne comptait pas et cela importait peu. Désormais, elle ne vivait qu’avec peu d’argent, celui qu’elle gagnait à la ferme, en plus du fait d’être nourrie et logée. Elle devait désormais faire attention à chaque dépense. Mais là, il était très important qu’elle se rhabille. Melinda venait de faire une blague concernant la faim de Rosa, blague qui avait fait changé Rosalyna sur le moment. À cause de la malédiction Rosalyna refusait catégoriquement de fonder une famille, car elle ne voulait pas infliger de souffrance à un enfant. Elle avait quitté son mari à cause de cela. Elle avait fui sa maison, sa ville, sa famille à cause de tout cela. Melinda ne savait pas que Rosalyna était une damnée. Elle ne savait pas qu’elle endurait de dure chose, qu’elle souffrait et que parfois dans ces crises de folies, elle s’imaginait perdre son enfant, qu’elle n’avait pas. Melinda ne demandait pourtant aucune explication à la réaction de Rosalyna. Elle était véritablement formidable. Mais pourtant, Rosalyna se sentait obligée de lui donner un soupçon d’explication, pour qu’elle puisse comprendre sa réaction, comprendre qu’elle n’y était pour rien et qu’elle ne pouvait pas savoir. « Oh, non, ne t’excuse pas. Je ne m’attendais pas à ce que tu me poses cette question, c’est tout. Et aussi, parce que je sais que je ne pourrais jamais avoir d’enfant et je le regrette. » Rosalyna affichait un large sourire, pour montrer à son amie qu’elle n’y été pour rien, après tout, elle ne pouvait pas savoir. Les deux jeunes femmes changeaient rapidement de sujet de conversation. Pour en revenir au sujet de la nourriture. Melinda venait de proposer d’aller étendre soif et faim de chacune. Il était temps, Rosalyna sentait son estomac se tordre. « Allons-y. » Les deux jeunes femmes franchissaient la porte de la boulangerie et Rosa regardait un peu autour d’elle pour se familiariser avec les lieux. Elle ne connaissait pas du tout cet endroit, elle n’était jamais venue ici, par le passé. Elle trouvait cet endroit véritablement sympathique et familial. « Je te fais confiance, du coup, je vais prendre un café et une part de tarte aux fruits. Et toi, tu vas prendre quoi ? » Rosalyna passait commande, elle était impatiente de goûter à la tarte qu’elle venait de commander. Assise sur la banquette, Rosalyna regardait si le serveur arrivé ou non. « Tu viens souvent par ici avec ta petite famille ? » Rosalyna posait cette question, simplement histoire d’en connaître un peu plus sur sa nouvelle amie.