SUJET N°3 ⚝ Les esprits sont de retour (théodora et juliet)

« Merde, merde et merde. » lâcha-t-elle en tapant contre son volant. Pourquoi fallait-il qu'il se mette à pleuvoir alors que les deux filles avaient prévu de s'éloigner un peu de la ville pour se changer les idées ? Juliet n'y voyait plus rien, elle avait considérablement ralenti, afin d'éviter tout accident. Théodora avait insisté pour s'arrêter et Juliet était obligée de se rendre à l'évidence, elle le devait si elle voulait éviter un accident. Malheureusement pour les deux jeunes femmes, le seul endroit à proximité était le vieux manoir. Alors Juliet, peu rassurée, mais ne voyant d'autres solutions s'y était arrêtée. Puis elles avaient toutes les deux courues jusqu'à l'intérieur. Comme Théodora, Juliet avait sorti son téléphone pour s'en servir comme lampe de poche. Quelle idiote ! Elle en avait toujours une dans son coffre, elle aurait dû penser à la prendre.

Une fois à l'intérieur, avec la lampe du téléphone allumée, les deux jeunes femmes s'avançaient tout en observant l'endroit. Juliet était la pire trouillarde qu'il puisse exister et là autant dire qu'elle n'avait qu'une envie, se cacher dans un coin. Aux mots rassurants de Théodora, Juliet ne se sentait pas du tout rassurée. Elle était plus vieille de dix ans, elle n'allait pas se mettre à pleurer tout de suite, mais elle était morte de trouille. Debout aux côtés de Théodora qui s'était assise, Juliet ne savait quoi répondre. « On peut... » Commença-t-elle sans terminer. Allez, respire s'ordonnait-elle. « parler ? » Lâcha-t-elle, peu sûre d'elle. C'est qu'elle n'avait aucune envie de rester là et n'avait rien pour s'occuper, alors elle ne savait pas quoi proposer d'autre.

Pas le temps de discuter davantage puisque des bruits étranges apparaissaient. Juliet sentait son coeur battre bien plus vite que d'habitude et ses mains tremblaient à cause de la peur. Elles auraient dû rester dans la voiture, même dans le froid, tant pis. Sans hésiter une seconde, elle était d'accord avec Théo, elles devaient partir et vite. Le cri de Juliet résonnait à côté de celui de Théodora lorsqu'une chaise fut projetée du haut des escaliers. Effrayée, elles voulurent quitter l'endroit, mais ce fut impossible. A son tour, elle avait essayé d'ouvrir la porte, mais impossible. « Mais on vient d'entrer, comment la porte peut être... » Pas le temps de finir sa phrase que les bruits de pas, lourds et trainants, se rapprochaient des deux jeunes femmes jusqu'à s'arrêter tout près d'elles. Soudain, il faisait étrangement froid. La température était même glacial. « Il doit y avoir une autre sortie ! » Alors Juliet, tenant toujours la main de Théodora voulut emprunter la porte près de celle de la porte d'entrée, menant certainement à un grand salon, mais alors qu'elles étaient devant, prêtes à la franchir, elle se refermait violemment. « Mais merde, qu'est-ce qui se passe ici ? » Elle avait l'impression que son coeur allait s'arrêter. Comment pouvait-elle être réveillée ? Elle était en plein cauchemar.

Juliet frissonnait tant à cause de la peur que du froid. La température baissait anormalement et très rapidement. Trop rapidement pour l'esprit logique de Juliet. Tout comme cette chaise volante ou cette porte coincée, tout ça, c'était beaucoup trop pour Juliet qui n'y comprenait rien. Que dire des pas entendus sans voir personne ? Ou de cette porte qui se refermait violemment sans qu'aucune des deux n'y touche ? Juliet rêvait ! Elle cauchemardait ! Ou quelqu'un lui faisait une blague. Ou alors, elle était en train de devenir folle : cette ville qui sombrait et cette maison hantée n'étaient que le fruit de l'imagination d'une Juliet délirante. Voilà comment elle essayait de se rassurer, il lui fallait des explications aussi logiques que possibles, bien qu'un peu folles.

Théodora prit l'initiative de briser une fenêtre, mais en vain. La maison semblait vouloir les garder prisonnière. Pourquoi ? Comment ? Juliet essayait de réfléchir, laissant Théo agir. Elle passait toutes les possibilités en revue, mais le froid et l'ambiance l'empêchait de rester concentrée. Elle ne comprenait même pas et ne se demandait même pas pourquoi Théodora gardait toujours cette main relevait et tendue en avançant vers les escaliers. Imaginant simplement qu'elle voulait se protéger. Lorsque la jeune femme se retourna vers Juliet, cette dernière remarqua immédiatement le sang qui coulait. « Tu... saignes ? » Peut-être s'était-elle blessée sans qu'elle ne s'en aperçoive ? Juliet n'y croyait pas, mais toujours se rassurer. Il fallait qu'elles sortent bien sûr, mais comment, le rez-de-chaussée semblait condamné. Serrant plus fort encore la main de son amie, le froid fut tout à coup plus glacial, comme si quelque chose traversait la jeune femme, amenant en plus de ce froid glacial une douleur étrange et incroyablement violente. Elle ne put s'empêcher de crier, ne remarquant pas si Théo était victime elle-aussi de ces douleurs. Pliée en deux, elle entendait la pluie s'abattre contre les fenêtres, et surtout les portes du rez-de-chaussée qui semblaient claquer plus violemment à chaque fois, comme si quelqu'un s'amusait à les ouvrir et à les refermer violemment. Lorsqu'elle put reprendre doucement ses esprits, elle lança. « Il faut monter... » lâcha-t-elle difficilement, comme si être ailleurs aller les protéger. Mais même monter les escaliers semblait être une épreuve impossible tant les bruits de pas là-haut résonnaient et tant la température baissait.